L’industrie du jeu mobile cette semaine : miHoYo, censure, investissement…

En décembre, les entreprises prennent leur décision de fin d’année et s’orientent pour leurs projets de 2022. Des jeux anime à Warhammer en passant par les titres Supercell, on vous récapitule l’actualité de la semaine dans l’industrie du jeu mobile avec un attention toute particulière aux transferts d’édition entre miHoYo et Cognosphere Ltd.

Aniplex acquiert la division jeu vidéo de DELiGHTWORKS

DELiGHTWORKS était en discussion avec Aniplex depuis un certain temps déjà. Pour resituer un peu cette négociation, autant vous présenter ses deux acteurs que vous ne connaissez pas forcément. DELiGHTWORKS est connu pour la création de Fate/Grand Order et Sakura Revolution en collaboration avec SEGA (fermé en juin dernier).

De son côté, Aniplex s’impose comme production d’anime de renom avec F/GO, SAO, Je veux manger ton pancreas, Demon Slayer et autres titres au rayonnement mondial. Autant dire que cet achat pour F/GO fait sens. Toutefois, plutôt qu’une vente directe de DELiGHTWORKS, le studio compte créer une entreprise distincte en lui léguant les activités de sa division jeu vidéo. Ensuite, il suffira de céder cette nouvelle entité à Aniplex.

Warhammer: Age of Sigmar débarque sur mobile

L’éditeur NEXON (Maple Story, Blue Archive, V4) signe un accord d’exploitation de la licence Warhammer: Age of Sigmar avec Games Workshop. Les deux entreprises souhaitent que Warhammer: Age of Sigmar devienne une expérience sociale interactive entre le joueur et son environnement dans le monde. Le jeu sera disponible en 13 langues et devrait plaire aux fans de la licence.

En tant que commandants de guerre, les joueurs devront rapporter la paix aux royaumes et collectionner de nombreux personnages aux capacités et histoires uniques. Chaque personnage pourra être personnalisé et participer à l’établissement de la paix nouvelle.

Investissement de Tencent dans Supercell

Alors que Supercell a subi une baisse de revenus d’année en année depuis l’entrée de Tencent Games à son capital, le géant du jeu vidéo asiatique souhaite racheter les parts d’autres actionnaires pour booster la valeur de l’entreprise à 11 milliards de dollars américains. Cela peut paraître surprenant puisque les actionnaires actuels semblent déçus des performances du studio et éditeur finlandais depuis 2016.

Les 11 milliards de dollars de valeur d’entreprise représenteraient un boost de 10% par rapport à l’estimation de 2016. Actuellement en discussion avec d’autres actionnaires, Tencent n’a pas encore confirmé cette action. Enfin, j’imagine que cette réévaluation avec un boost de valeur repose sur la sortie mondiale de titres tels qu’Everdale, Clash Heroes, Clash Mini, Clash Quest ou encore Boom Beach Frontlines.

miHoYo fait éditer Genshin Impact et Tears of Themis par Cognosphere Ltd

Depuis fin novembre, miHoYo a transféré les droits d’édition de Genshin Impact et Tears of Themis (dans la liste des meilleurs jeux mobile de 2021 innovants des Google Play Awards) vers une autre entreprise. Pas d’inquiétude pour les joueurs, cela ne devrait pas affecter la qualité du publishing puisque le nouvel éditeur, Cognosphere Limited, n’est rien de plus qu’un label d’édition par procuration pour miHoYo. Pas d’inquiétude donc, vous n’avez pas été piraté si vos paiements Genshin s’affichent dans votre historique sous le nom de Cognosphere Ltd. Les futurs jeux de miHoYo seront toujours développés en interne mais probablement édités par Cognosphere.

Théorie n°1 : contourner les soucis de lancement international

Notez que ceci intervient à un carrefour critique dans le milieu du jeu vidéo. De fait, plusieurs théories coexistent pour expliquer cette décision du studio derrière Honkai Impact. D’abord, il ressort de plus en plus souvent dans nos fils d’actualité que certains studios de développement chinois passent “du côté obscur de la force” en choisissant un éditeur étranger pour “mieux gérer le marché international”.

Ce genre de décision intervient notamment en réponse à des flous juridiques au niveau de l’édition, ce qui permet par exemple à certains studios de publier leur jeu en Inde alors que de nombreux jeux chinois y ont été interdits (118 applications en septembre 2020).

Dans ce cas, l’éditeur n’est rien d’autre qu’un intermédiaire d’un autre pays jouant sur le flou juridique. En prenant un exemple un peu différent, PUBG mobile avait été banni du marché indien par le gouvernement du pays en 2020 alors qu’il était édité par Tencent (éditeur chinois). En s’écartant de la publication par Tencent pour s’auto-éditer, le studio sud-coréen Krafton a pu contourner le ban et publier le jeu en Inde sous le nom de Battlegrounds Mobile India. La Chine et ses entités influencées par la politique locale ne sont pas les bienvenus partout.

Théorie n°2 : la liberté créative de miHoYo

D’autre part, la seconde théorie sur ce changement d’éditeur pour miHoYo propose une explication par la censure. Même si nous n’en avons pas parlé énormément sur Jeumobi, la censure du jeu vidéo en Chine a pris de l’ampleur ces derniers mois. Au-delà de la liste de validation des jeux et applications par le gouvernement qui existe depuis plusieurs années en Chine, les règles s’appliquant au contenu autorisé ou non ont été renforcées.

Les personnages efféminés et contenus considérés comme non conformes à la culture traditionnelle du pays deviennent progressivement illégaux et le gouvernement chinois impose un contrôle de tous les jeux sur son territoire. Par conséquent, éditer le jeu via une entreprise étrangère (Cognosphere Ltd appartient à Singapour) pourrait permettre d’éviter certaines complications.

Toutefois, cela me paraît être une sursimplification, puisque si miHoYo souhaite atteindre le marché chinois (même via une édition à Singapour), le studio devra répondre aux attentes du gouvernement, au moins pour la version chinoise de son jeu. Cela peut donc permettre au studio chinois de s’autoriser une liberté créative plus grande pour la version internationale de son jeu et se contenter d’appliquer les règles chinoises pour la version chinoise de ses titres. En tous cas, Honkai Impact devrait rejoindre l’éditeur proxy Cognosphere Ltd prochainement et les futurs titres de miHoYo comme Honkai: Star Rail devraient également suivre ce chemin. En revanche, cela ne changera rien au gameplay de vos jeux préférés actuellement en ligne !